« Urbe Voluptae, nouveau bastion S.S.S. »
‘Zoom sur le reporter, chemise hawai, lunettes de soleil, teint bronzé’
- Bonjour jeunes gens, bienvenue dans ce nouveau numéro des « endroits super fashion à la mode ». Aujourd’hui nous sommes à Urbe Voluptae, seconde ville de la province de Démencie, anciennement tenue par la famille Asulyn et plus anciennement fondée par un homme qui avait fait l’apoligie d’Eros et bâti cette ville en sa gloire : Ayane Reaf Seraven.
Le journaliste s’avance sur une digue qui borde une plage de galets. Des gens le croisent, sourire aux lèvres et il s’arrête sur un banc. Il s’est déroulé ici même dans la journée d’hier un formidable duel entre deux hommes dont les capacités m’en donnent des frissons. Triple Asulyn, chef de clan local a été défié par Rhadamanthe Seraven, le challenger. Après quelques soucis d’organisation ayant entrainé le retard du duel de 24h, ce dernier a eu lieu en début d’après midi, dans la journée de lundi.
Accompagné d’un médecin de son clan, l’estimable Kekefou, Rhadamanthe s’est rendu dans l’arène.
Les deux adversaires se sont salués, respectueusement et en sont venus aux mains. Il est rare dans ce pays de constater encore des êtres qui luttent à la force de leurs poings, sans user d’artifices divers et variés comme des épées et des armes à feu. Le premier contact fut violent, les coups volèrent et tous deux se virent frappés au visage, sonné, Rhadamanthe ne se laissa pas acculer et attaque derechef, encore et encore, il enchaina les coups de poings et pour finir, Triple s’écroula, le combat était fini, Rhadamanthe en était le vainqueur.
- Aujourd’hui, nous pourrions craindre, vu la polémique récente qui a frappé GDL et le S.S.S., tous seraient en mesure de craindre pour le bien-être de la ville, mais ici, il fait bon, beau, et les filles sentent bon le sable chaud. Une centrale thermique est en voie de construction, bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes …
NON ! Eternellement, une personne s’oppose à tout cela, et comme bien souvent, il s’agit d’une femme, êtres issus du démon, malavisées et envieuses du pouvoir dont la nature les a privées. Toujours est il que nous avons écrit un courrier au chef de clan, Rhadamanthe, afin qu’il nous informe sur les tensions actuelles. Voici sa réponse :
« Cher journaliste, c’est toujours un plaisir que de prendre la plume pour répondre à la presse, comme vous le savez, le S.S.S. n’a jamais rien eu à cacher et aime à montrer aux gens le bien-fondé de ses actions.
Concernant la prise de la ville et le duel, je ne peux que reconnaître le calme et le respect mutuel entre les deux adversaires, Triple a su se montré sage et posé, comme doit le faire tout chef de clan. Aussi, vous êtes en droit de vous demander ce qui pose problème, mais j’ai réalisé par la suite l’effroyable vérité.
Triple n’était qu’un pantin, prisonnier des crochets de sa femme, Titinette Asulyn. Cette dernière, a immédiatement cherché à relancer un duel. Ivre de pouvoir, celle qui se présentait comme un « que le meilleur gagne » n’a pas pu résister à l’envie de remettre son poulain sur les rails. N’allant pas chercher plus loin, j’ai laissé couler, tout comme la bière emplit mon verre et celui de Triple. Mais que vois je le lendemain, alors qu’en gage de bonne foi, je laisse Titinette au poste de juge, je reçois un courrier de sa part demandant, je cite « une revanche pour la ville car ils estiment qu’ils sont en droit de l’occuper » …
Comprenez bien ma surprise, dans notre société nomade où les villes changent si souvent de propriétaires, l’idée de s’abroger le droit de possession sur un lopin de terre me résulte fortement, sans même attendre, sans même nous accorder une chance, voilà les serres avides du vautour qui m’entourent la gorge. »
Le journaliste pose la lettre, les larmes lui montent aux yeux, la gorge serrée il pense à ce chef de clan qui se voit sous la pression d’une femme, usant de son charme, usant de tendresse dans ses mots, pour cacher la vérité cruelle de ses propos, de ses idées. Il continue ensuite sa lecture.
« Face à cette demande de duel fort peu classique, je relis la lettre et remarque alors que Titinette se présente, spontanément, comme la chef de clan officieuse de leur clan, sous-entendant que Triple n’est que l’épée au bout du bras qu’elle agite. Quelle désillusion, quelle malchance pour un homme qui se montrait si courtois. Mais, cher ami journaliste, je ne refuserai pas un duel, aussi, si Titinette tient tant que cela à la ville, elle viendra la prendre elle-même. Je livrerai un combat contre elle, et si cela ne lui convient pas, c’est son affaire. Ainsi soit-il ! »
Ce sont sur ses mots très durs que la lettre de Rhadamanthe Seraven s’achève. Une note est jointe à la lettre, stipulant que le sujet sera publié sur la place publique dans la journée.