Tout à fait par hasard Fleur passa faire un tour dans les locaux des ragots, bon disons ce qui est, depuis quelque temps elle avait perdu à la fois le temps et les envies d'user de sa plume, fort prise par sa vie Palladionaute et par le soutien fourni aux divers projets de sa femme, elle pensait tout de même trouver Mirabelle comme d'habitude jamais très loin de ce bureau qu'elles avaient décoré ensemble... Las ! Pas de Mirabelle mais surtout pas de trace de vie, fine couche de poussière, matériel entassé dans un coin sombre, papiers encombrant la corbeille, seuls quelques dessins des enfants suspendus sur un mur attestent de la vie exubérante naguère présente dans cette pièce, et il faut bien avouer sans la chaleur de sa tendre, l'ensemble du paysage est glacial...
Ressentant les événements passés plus que ne les connaissant par avance elle tombe ensuite sur le tableau des messages du journal, repère ceux de Prune, les lit un par un puis garde le silence une longue minute, mais le calme lui sied tellement peu, au point de saisir le feutre le plus rouge disponible, de faire tomber le tableau et d'écrire directement sur le mur :
Comme cela Prune est partie ? Je me moque d'en connaitre la raison, le fait me suffit, je ne pesterai ni contre le journal ni contre rien d'autre, c'est viscéral, Prune s'en va, je m'en vais... Le reste c'est de la littérature, et nous nous comprenons même si je me tais... Et je vais m'assurer que le passé ne se diluera pas dans le futur...
Sitôt sa petite déclaration terminée, Fleur revient comme une trombe dans son bureau, décroche prestement les dessins des enfants du mur, les glisse dans son sac, vérifie qu'elle n'a rien laissé puis se plante au milieu de la pièce, yeux fermés et on jurerait qu'elle marmonne quelque chose... Les orbites qui se dévoilent ensuite sont rouge sang, aussi rouge de fait que les flammes qui s'attaquent dans l'intervalle au reste du mobilier, soumettant le bois, tordant le métal, vaporisant le plastique... Et en la matière le travail est de qualité, en quelques minutes le bureau est débarrassée, certains diraient purifié des traces du passé. Avant de tourner les talons Fleur extrait la plaque du bois de la porte et la fourre elle aussi dans son sac. Avant de quitter le bâtiment elle laisse tout de même une petite note à Arcane :
Arcane chou, ce n'est pas contre toi, j'espère que quelqu'un occupera avec talent ce bureau un jour, longue vie aux ragots hi hi...
Puis elle sifflote tout en claquant la grande porte, repartant vers le grand Est sans (trop de) regrets